Lhomme qui tua Don Quichotte est une folie surrĂ©alisme, mais une folie qui emporte. On l’aura bien compris, le film de Terry Gilliam n’est pas une adaptation du cĂ©lĂšbre roman de CervantĂšs, plutĂŽt une rĂ©appropriation du mythe pour un long-mĂ©trage singulier, fantaisiste, fou, baroque. Des dĂ©fauts, il y en a dans ce L’homme qui LHomme qui tua Don Quichotte est un film plus ou moins difficile Ă  aborder selon les attentes que l’on a pu s’en faire. Pour un film attendu depuis plus de 30 ans, on aurait pu s’attendre Ă  plus grand et plus fantasmĂ© mais on ne peut LHomme qui tua Don Quichotte se dĂ©marque pourtant de ses prĂ©cĂ©dentes rĂ©alisations par sa relative sobriĂ©tĂ©. Non pas que Gilliam ait abandonnĂ© la loufoquerie qu’on lui connaĂźt, mais il a fait de l’apparition de ses extravagances visuelles un des principaux enjeux de la narration. Pendant toute la premiĂšre partie du film, les dĂ©lires de Javier restent invisibles, si ce Cela a Ă©tĂ© un privilĂšge de monter Ă  cheval au milieu de ces paysages extraordinaires!" #JonathanPryce 🐮 "Ces lieux de tournage Ă©taient sans cesse dans ma tĂȘte" Terry Gilliam🏜 L'Homme qui tua Don Quichotte au cinĂ©ma le 19 mai Monavis sur L'Homme qui Tua Don Quichotte, rĂ©alisĂ© par Terry Gilliam.Dailymotion : : https://www.tipeee.com/le-ci Monteurdes trailers suivants : L'Homme qui tua Don Quichotte, La La Land (France), L'Homme irrationnel (France) / Ghostland / Un Couteau dans le Coeur et beaucoup d'autres Ă  dĂ©couvrir sur mon profil. Fondateur de Timeline, entreprise spĂ©cialisĂ©e dans le montage de films, de promoreels, de moodreels, de trailers, et bien d'autres formats courts. ActivitĂ© Je suis vraiment . Les lĂ©gendes sont Ă©ternellesVingt-cinq aura fallu vingt-cinq ans Ă  Terry Gilliam pour concrĂ©tiser son projet autour d’adaptation de Don Quichotte de CervantĂšs. Projet maudit par excellence, rappelons que Gilliam avait entamĂ© le tournage en 2000 avec Johnny Depp et Jean Rochefort. Suite Ă  la double hernie discale de celui-ci ainsi qu’à des pluies diluviennes qui emportent une grande partie du matĂ©riel de tournage, Gilliam et son Ă©quipe abandonnent. Au fil des ans, avec son complice Tony Grisoni The City and The City, le britannique poursuit son rĂȘve mais manque cruellement de moyens pour le concrĂ©tiser. Une seconde tentative avec John Hurt Ă©choue en 2015, consumĂ© par un cancer du pancrĂ©as qui aura raison de lui deux ans plus tard. C’est finalement en 2018 que le film voit le jour aprĂšs de multiples dĂ©mĂȘlĂ©s judiciaires entre Terry Gilliam et son producteur Paulo Branco. ProjetĂ© hors compĂ©tition en clĂŽture du Festival de Cannes, L’Homme qui tua Don Quichotte possĂšde dĂ©jĂ  l’aura d’un film culte
en-a-t-il Ă©galement l’étoffe ?Plus de voyage temporel dans cette version finale mais une chose dont raffole tout particuliĂšrement l’ex-Monty Python la collision du rĂ©el et de l’imaginaire. Don Quichotte raconte le hĂ©ros chevaleresque de CervantĂšs en transposant la lĂ©gende dans notre Ă©poque moderne. Adam Driver, parfait de bout en bout, incarne Toby, rĂ©alisateur de pub frustrĂ© qui tourne un Ă©niĂšme spot publicitaire prĂȘt du petit village oĂč il a filmĂ© dix ans plus tĂŽt son film de fin d’étude Ă  propos de
Don Quichotte ! A l’époque, il recrute un cordonnier, Javier, dont l’apparence correspond presque miraculeusement au fameux chevalier. En revenant sur les traces de son passĂ©, Toby rĂ©alise que son petit film a eu d’immenses consĂ©quences pour les habitants, Ă  commencer par Javier et Angelica, Don Quichotte et sa DulcinĂ©e. Pour remplacer Jean Rochefort et John Hurt auxquels le film est d’ailleurs dĂ©diĂ©, qui de mieux que Jonathan Pryce, inoubliable Sam Lowry dans Brazil du mĂȘme Terry Gilliam ?Soyons clairs, ceux qui ne supportent pas la façon extravagante de filmer de Gilliam, ses renversements d’objectifs et son jeu sur les proportions, ceux-lĂ  ne risquent pas d’aimer davantage son Don Quichotte. Pourtant, toute la fantaisie et l’intelligence du britannique sont bel et bien lĂ . En entrelaçant deux intrigues apparemment inconciliables, celle d’un rĂ©alisateur ratĂ© et celle d’un vieil acteur oubliĂ© qui se prend pour le vrai Don Quichotte, Terry Gilliam replonge dans l’une de ses marottes le fantastique pour Ă©chapper au rĂ©el. Deux existences ternes se trouvent sublimĂ©es par le mythe de Don Quichotte, le chevalier Ă©ternel qui renvoie Ă  celui de Brazil et que l’on retrouve dans une roulotte Ă  la Dr Parnassus. L’Homme qui tua Don Quichotte tente de raccrocher les wagons entre rĂ©el et imaginaire, entre passĂ© et prĂ©sent. Les Ă©poques se confondent, nous Ă©garant souvent pour mĂ©langer Inquisition et migrants, terrorisme et bandits de grand chemin ou oligarchie et monarchie. Le cinĂ©aste n’a en rĂ©alitĂ© rien perdu de son mordant le plus Ă©vident dans ce Don Quichotte, c’est cette mĂ©lancolie lancinante qui pourrait presque donner l’apparence d’un film-testament de la part de Gilliam. Ses obsessions sont lĂ , son vertige mĂ©taphysique et son jeu avec le rĂ©el Ă©galement, mĂȘme son magnifique Jonathan Pryce, une nouvelle fois parfait, semble rĂ©pondre au Sam Lowry d’il y a plus de vingt ans. Toby pourrait aussi bien ĂȘtre Gilliam, dĂ©sabusĂ© et nostalgique d’une Ă©poque de gloire aujourd’hui fanĂ©e. L’Homme qui tua Don Quichotte parle avant tout d’une lĂ©gende, d’un esprit chevaleresque et de rĂȘves qui ne meurent jamais vraiment, qui ne font qu’évoluer Ă  travers les Ăąges. Dans le soleil couchant de son Ă©pilogue, n’est-ce pas finalement Terry Gilliam lui-mĂȘme qui s’en va ailleurs, poursuivant inlassablement son travail de conteur un peu fou un peu tendre qui finit mĂȘme par nous faire oublier son dĂ©cevant Zero Theorem ?Film-testament ou film culte, L’Homme qui tua Don Quichotte offre Ă  son public un Adam Driver magnifique et un Jonathan Pryce truculent tout en faisant revivre une part du grand Terry Gilliam que l’on pensait Ă©puisĂ©. Fou et mĂ©lancolique, moderne et fantaisiste, Don Quichotte a enfin trouvĂ© sa 8/10Meilleure scĂšne Les flash-backs sur le film d’étude. Extrait de "L'Homme qui tua Don Quichotte" 000144 "Je suis Don Quichotte ! Je suis... Don Quichotte." C'est par ces derniers mots pleins de sens de l'acteur Jonathan Pryce Brazil, Demain ne meurt jamais, Game of Thrones que se conclut cet extrait. L'acteur britannique incarne un vieux cordonnier espagnol convaincu d'ĂȘtre le grand pourfendeur de moulins de Cervantes Don Quichotte. À la maniĂšre d'une lĂ©gende, rĂ©interprĂ©tĂ©e mainte fois, le cinĂ©aste Terry Gilliam Monty Python SacrĂ© Graal, L'ArmĂ©e des douze singes... se rĂ©approprie l'oeuvre majeure de la littĂ©rature espagnole et la propulsant dans notre Ă©poque. On y suit Toby, un jeune rĂ©alisateur campĂ© par Adam Driver Girls, Star Wars qui suit et filme les Ă©lucubrations et grands actes d'un Don Quichotte plus vrai que nature un cordonnier qui se prend pour le chevalier fou d'amour. De jeune cinĂ©aste, le personne devient une sorte de nouveau Sancho Panza dans un film qui s'annonce ĂȘtre un vrai mille-feuille interprĂ©tatif. Le film a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme maudit dans le monde du cinĂ©ma puisque, depuis le projet initial en 2000, avec Jean Rochefort et Johnny Depp, le projet n'a cessĂ© d'ĂȘtre annulĂ© et modifiĂ©. DerniĂšre polĂ©mique en date, alors que le long-mĂ©trage va ĂȘtre prĂ©sentĂ© au 71Ăšme Festival de Cannes la question de la diffusion en salle. AutorisĂ©e jeudi 10 mai par le Centre national du cinĂ©ma CNC, la sortie en salles le 19 mai du film L'Homme qui tua Don Quichotte a Ă©tĂ© immĂ©diatement contestĂ©e en justice par le producteur Paulo Branco. Ce dernier a contre-attaquĂ© en annonçant son intention de saisir "immĂ©diatement" le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s pour empĂȘcher la diffusion du film. "Nous demandons la suspension de la sortie en salles jusqu'en septembre", a indiquĂ© ce mardi 15 mai Me Claire Hocquet, l'avocate du producteur qui estime que ses "droits exclusifs" sur ce film ne sont pas respectĂ©s. L’actualitĂ© par la rĂ©daction de RTL dans votre boĂźte mail. GrĂące Ă  votre compte RTL abonnez-vous Ă  la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualitĂ© au quotidien S’abonner Ă  la Newsletter RTL Info Tout commence avec CervantĂšs, qui dĂ©pose malicieusement le livre de ses propres aventures dans les mains de Don Quichotte. Aux notes du guitariste, la comĂ©dienne se fait conteuse du combat absurde de son hĂ©ros contre les moulins, de son inimitable tristesse, de son amitiĂ© avec Sancho et de sa rĂ©bellion joyeuse contre son auteur. Un dialogue intimiste, vivant et profond entre le crĂ©ateur et sa crĂ©ature, qui nous invite Ă  rĂ©flĂ©chir au monde, le lire ou le voir avec ironie, mĂ©lancolie ou ravissement. DurĂ©e 1h10 Tout public, dĂšs 14 ans NumĂ©ro de licence 1-1122042 / 2-1122044 / 3-1122043 25 juin 2018 - MAJ 09/03/2021 1558 Fantaisie Aventure Le sort s'acharne sur l'Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam depuis plus de 20 ans Ă  tel point qu'on se demande s'il n'est pas un Ă©lĂ©ment trĂšs important de l'Ă©quilibre du monde. Une sorte de bataille entre le Bien et le Mal dont nous n'aurions pas conscience. Parce que lĂ , ça commence Ă  faire beaucoup quand mĂȘme. Si on fait un rapide historique du projet rĂȘvĂ© de Terry Gilliam, L'Homme qui tua Don Quichotte, on se rend compte qu'effectivement, il se passe quelque chose d'Ă©trange premier tournage il y a quasiment 20 ans avec Johnny Depp et Jean Rochefort, rapidement arrĂȘtĂ© pour cause de blessure de notre estimĂ© comĂ©dien disparu il y a peu. Multiples tentatives de remonter le film, mais impossibilitĂ© de rĂ©unir le budget pour qu'enfin, le film se fasse l'an passĂ©. Et puis voilĂ  que le premier producteur Paulo Branco dĂ©cide que non, en fait, il ne doit pas exister parce qu'il en a toujours les droits exclusifs. ProcĂšs en marge de la prĂ©sentation prĂ©vue Ă  Cannes, AVC de Terry Gilliam, le film est autorisĂ© Ă  sortir en France et finalement la Cour d'Appel de Paris donne raison Ă  Branco en bloquant son exploitation Ă  l'internationale. Le producteur, trĂšs remontĂ©, s'Ă©panche dans un communiquĂ© assassin en menaçant de poursuites, en gros, tous ceux qui ont participĂ© au film. Terry Gilliam, pas loin d'ĂȘtre un vrai Don Quichotte Ouais, mauvais karma. Il n'empĂȘche qu'il y a bel et bien une lueur d'espoir dans tout ce bazar puisque Mariela Besuievsky, l'une des productrices actuelles du film a dĂ©clarĂ© au micro de El Espanol que Branco s'est quelque peu laissĂ© emporter par sa victoire en Cour d'Appel, qui ne concernerait qu'une affaire relative au mĂ©trage. En effet, d'aprĂšs elle, Branco n'a pas les droits exclusifs du film, dont elle serait tout autant la propriĂ©taire pour la simple et bonne raison qu'aucune image actuelle du mĂ©trage n'a Ă©tĂ© tournĂ©e alors que Gilliam et son Ă©quipe Ă©taient sous contrat exclusif avec le producteur revanchard. Et de ce fait, il n'a aucun droit sur le film. Cela dit, comme le rĂ©alisateur a fait son frondeur et qu'il Ă©tait toujours reliĂ© Ă  Branco, il devra nĂ©anmoins s'acquitter des dommages et intĂ©rĂȘts rĂ©clamĂ©s par la Cour d'Appel, qui s'Ă©lĂšvent Ă  11 600 dollars mais, qu'une fois la somme payĂ©e, les problĂšmes juridiques seront terminĂ©s et le film pourra partir en quĂȘte d'un distributeur pour les autres pays du monde. La fin du supplice ? C'est donc mine de rien une trĂšs bonne nouvelle pour Terry Gilliam et pour les fans de son cinĂ©ma qui n'habitent pas en France et qui n'ont pas eu la chance de voir son dernier film. Cela nous rappelle aussi Ă  quel point le milieu peut ĂȘtre compliquĂ© et terrible lorsqu'un producteur s'acharne contre un projet qui a dĂ©jĂ  connu toutes les peines du monde Ă  exister ailleurs que dans la tĂȘte de son crĂ©ateur. On espĂšre donc que la sĂ©rie noire touche maintenant Ă  sa fin et que Gilliam puisse enfin se reposer pour penser Ă  la suite de sa carriĂšre. Parce que nous, on veut qu'elle continue. Tout savoir sur L'Homme qui tua Don Quichotte Don Quichotte nouveau coup dur pour Terry Gilliam qui perd les droits de son film L'Homme qui tua Don Quichotte le film de Terry Gilliam est ENFIN autorisĂ© Ă  sortir en France L'Homme qui tua Don Quichotte la justice a rendu son verdict, Terry Gilliam au bout du tunnel ? Newsletter Ecranlarge Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large. Vous aimerez aussi ConspuĂ© par la critique lors de sa prĂ©sentation en clĂŽture du dernier Festival de Cannes, L’Homme qui tua Don Quichotte 2018 ou aussi connu sous l’appellation de film maudit de Terry Gilliam est une Ɠuvre malade fascinante. Vous cherchiez une critique positive, ne cherchez plus. © Tous droits rĂ©servĂ©s Sisyphe et son rocher © Tous droits rĂ©servĂ©s On ne l’attendait plus. L’Homme qui tua Don Quichotte Terry Gilliam, 2018 fut longtemps l’un des membres Ă©minents de la trĂšs prestigieuse liste des films maudits, de ceux qu’on ne pense jamais pouvoir voir. CĂŽtoyant ainsi, par exemples, le NapolĂ©on de Stanley Kubrick et le Dune de Jodorowsky. La supposĂ©e malĂ©diction entourant la production du film Ă©tait tellement immense qu’elle prĂȘtait mĂȘme parfois Ă  rire, de rebondissements en rebondissements. Pourtant, la vision du documentaire Lost in la Mancha Keith Fulton et Louis Pepe, 2002 relatant la premiĂšre tentative de tournage en 2000 – avec Jean Rochefort dans le rĂŽle titre et un casting quatre Ă©toiles rĂ©unissant le jeune couple star d’alors, Johnny Depp et Vanessa Paradis – avait de quoi faire pleurer, tant il Ă©tait effroyable et touchant de voir le rĂȘve bigger than life de Terry Gilliam, se faire littĂ©ralement souffler par le destin. Entre 2000 et aujourd’hui, l’aventure que fut la production de ce long-mĂ©trage se transforma vite en une arlĂ©sienne tentatives de relances, mise en hypothĂšque du scĂ©nario puis rachat, procĂšs, castings successifs, dĂ©cĂšs de comĂ©diens, retards, imbroglios juridiques. Une longue succession d’embĂ»ches qui continua jusqu’à la quasi-veille de sa prĂ©sentation Ă  Cannes, puisque l’un des anciens producteurs, Paulo Branco, depuis retirĂ© du projet, avait rĂ©clamĂ© l’interdiction de la diffusion cannoise en prĂ©textant dĂ©tenir encore des droits sur le film qui ne lui avait pas Ă©tĂ© rachetĂ©s. Et puis finalement, comme un cadeau empoisonnĂ©, comme un ultime coup du destin, un happy ending destinĂ© Ă  ne pas en ĂȘtre un Terry Gilliam put montrer en clĂŽture du festival de Cannes et hors compĂ©tition – les sĂ©lectionneurs durent craindre une rĂ©compense automatique de circonstance en cas d’une prĂ©sence en compĂ©tition – son prĂ©cieux travail, rĂ©sultat de vingt annĂ©es d’épuisement Ă  la tĂąche. Malheureusement, s’il existe un endroit de la cinĂ©philie mondiale oĂč le cinĂ©ma et les cinĂ©astes sont moins choyĂ©s que vilipendĂ©s, c’est bien le Festival de Cannes. C’est lĂ , justement, tout le paradoxe de ce festival qui se doit d’ĂȘtre une quinzaine de cĂ©lĂ©bration du septiĂšme art, qui se prĂ©sente sous l’aune d’un diktat de la diversitĂ© de façade et d’une conscience politique du monde, mais qui se corsĂšte en rĂ©alitĂ© dans un conformisme bĂ©at et dans un dĂ©goĂ»t du subversif, pourtant Ă©minemment politique. Ainsi, les scandales factices y font claquer des siĂšges. Des spectateurs y huent des Ă©quipes de films quand ils en ovationnaient d’autres la veille. Tout ce grand cirque mĂ©diatique, cette bulle fĂȘtarde, ce microcosme de la bien-pensance, vilipende les discours extrĂ©mistes, brandit des slogans de convenance aux dĂ©tours de tribunes faussement engagĂ©es avant de se transformer le temps d’une projection catastrophe ou d’un papier assassin en ayatollah de la biensĂ©ance, en aboyeur Ă  queue de pie, en juges Ă  robe de soirĂ©e, en tyran du Grand Palais. Aussi, il semble bien qu’il n’y avait pas pire endroit au monde pour que Terry Gilliam dĂ©voile enfin ce film fĂ©tiche qu’il a tant couvĂ© et ce bien mĂȘme qu’il doit savoir plus que quiconque, que le rĂ©sultat n’est pas Ă  la hauteur de ce que tout le monde en attendait. Car non, L’Homme qui tua Don Quichotte n’est pas un chef-d’oeuvre. C’est un film maudit et malade dont tous les stigmates en font la beautĂ© et la touchante singularitĂ©. © Tous droits rĂ©servĂ©s Difficile de savoir si le rĂ©alisateur a modifiĂ© son scĂ©nario au fil des longues annĂ©es d’errance de la production et aurait ainsi pu y transfuser une part du rĂ©el. Si ce n’est pas le cas et que le scĂ©nario qu’il comptait tourner en 2000 Ă©tait identique Ă  celui portĂ© aujourd’hui Ă  l’écran, alors tout cela revĂȘt une dimension prophĂ©tique totalement fascinante. Car l’histoire sous-jacente Ă  cette relecture du fameux Don Quichotte de CervantĂšs – chef-d’oeuvre littĂ©raire indiscutable – tourne davantage autour de Toby – incarnĂ© par un Ă©tonnant, une fois encore, Adam Driver – dont le prĂ©nom et la profession – il est rĂ©alisateur – en font un Ă©vident autoportrait de Terry Gilliam lui-mĂȘme. Las de rĂ©aliser des films de bas Ă©tages et autres publicitĂ©s, Toby aimerait bien retrouver la magie du dĂ©but, en donnant une seconde vie Ă  l’adaptation de Don Quichotte qu’il avait commencĂ© Ă  tourner dans ses jeunes annĂ©es Ă©tudiantes. Pour ressusciter son vieux rĂȘve il part Ă  la recherche du cordonnier de mĂ©tier qu’il avait fait acteur pour sa gueule » quelques annĂ©es plus tĂŽt, afin de lui demander de rechausser l’armure brinquebalante du chevalier de la Manche. Ce dernier, marquĂ© par son expĂ©rience, est devenu l’un de ses vieux acteurs fous, possĂ©dĂ©s par son rĂŽle. Toujours persuadĂ© qu’il est le vĂ©ritable Don Quichotte de la Manche, il va emmener Toby dans son dĂ©lire et en faire son Sancho Panza. A dos de canassons, tous deux vont se fantasmer de nouvelles aventures oĂč les moulins sont des gĂ©ants et les moutons des pĂšlerins en tuniques blanches. De par cette idĂ©e de scĂ©nario, le film s’autorise des vrilles permanentes entre rĂ©alisme et onirisme, entre un conte de fĂ©e azimutĂ© comme sait si bien les faire Terry Gilliam – des dĂ©lires des Monty Python jusqu’à l’extravagance des Aventures du Baron MĂŒnchhausen 1988 – et un autoportrait Ă©tonnant d’un auteur scrutant ses nĂ©vroses, ses angoisses, dissĂ©quant le terreau de son imaginaire foutraque. Ainsi et contrairement Ă  ce qu’on peut lire ci et lĂ , on reconnaĂźt Terry Gilliam dans chacune des images de L’Homme qui tua Don Quichotte 2018. Son style inimitable, souvent bordĂ©lique, incontrĂŽlĂ©, maladroit, sa bouffonnerie assumĂ©e, son goĂ»t pour les dĂ©shĂ©rences mĂ©lancoliques et pour les numĂ©ros de cirque oĂč se mĂȘlent l’absurde, le grotesque, l’horreur et le merveilleux. On le reconnaĂźt ainsi autant dans le personnage de Toby, ce rĂ©alisateur dĂ©sabusĂ© mais qui s’accroche Ă  son vieux rĂȘve, que dans ce vieux fou enfermĂ© dans son personnage de Don Quichotte – incarnĂ© gĂ©nialement par Jonathan Pryce, hĂ©ros du chef-d’oeuvre de Gilliam qu’est Brazil 1985 – et littĂ©ralement possĂ©dĂ© par lui. La maladresse du scĂ©nario, la mise en scĂšne parfois dĂ©sincarnĂ©e, se font vite oublier si l’on accepte de voir dans cette Ɠuvre qui toussote, l’expression la plus sincĂšre d’un auteur Ă  bout de souffle, qui livre un combat contre ses propres obsessions et dĂ©mons. C’est un combat comparable au mythe de Sisyphe, celui d’un homme qui doit rĂ©aliser le film de sa vie, son chef-d’oeuvre, et qui, inlassablement, y Ă©choue. Si d’aucuns considĂšrent depuis longtemps Gilliam en perte de souffle crĂ©atif, il faut se rappeler aussi la façon dont il arrive Ă  chaque fois Ă  admirablement se relever des dĂ©sastres auxquels il est confrontĂ© du gouffre financier que fut Les Aventures du Baron MĂŒnchhausen 1988 en passant, rappelons-le, par le dĂ©cĂšs en plein tournage de L’Imaginarium du Docteur Parnassus 2009 de l’acteur Heath Ledger, obligeant Gilliam Ă  lui inventer des doubles par un habile tour de passe-passe scĂ©naristique qui fit dĂ©jĂ  jaser la critique. On peut lui reconnaĂźtre bien des dĂ©fauts, mais le cinĂ©ma de Terry Gilliam ne serait rien sans ces spĂ©cificitĂ©s, sans ce rocher Ă  gravir en haut de la montagne qui lui retombe inlassablement sur la gueule. En plus de tĂ©moigner d’un dĂ©vouement obsessionnel pour le cinĂ©ma – tant d’autres qu’on dit gĂ©nies auraient capitulĂ© depuis longtemps Ă  sa place pour s’en aller faire autre chose – L’Homme qui tua Don Quichotte 2018 est l’Ɠuvre la plus personnelle et essentielle de la filmographie de Terry Gilliam en cela qu’elle verbalise et met en image la dĂ©votion de son rĂ©alisateur envers le septiĂšme art et son imaginaire. C’est une constante dans le cinĂ©ma de Gilliam que de rĂ©ussir Ă  transmettre ce qui devrait ĂȘtre son essence en toute chose la sincĂ©ritĂ©. Un bien grand mot pour le Festival de Cannes qui en a perdu depuis bien des annĂ©es la signification voir n’en serait-ce que le souvenir. Dans le mĂȘme genre

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